(Croatie 4) La croisière s’amuse toujours
- Annabelle Raclot
- 28 juil. 2019
- 4 min de lecture
Si vous croyez que la croisière sur un catamaran est un long fleuve tranquille, vous vous trompez !
C’est du sport !
‘C’est toi qui conduis aujourd’hui Annabelle´ me lance John en prenant son café.
Il est drôle.
Le voilà qui démarre le bateau et me dit de le rejoindre.
« Tu vois l'espace entre les 2 roches la bas ? Il faut qu´on passe entre. Tu tournes le volant comme ça et comme ça, ok ? »
Même pas le temps de dire oui qu’il était déjà parti se faire son petit dej.
son PETIT DEJ alors que j’etais aux commandes de son bateau !!!
Ce que je voyais :
Un espace de 1 mètre entre 2 roches qui arrive a 100 à l’heure sur une mer déchaînée.
la réalité : un espace d´ 1km que l’on atteindra dans à peu près 1 quart d’heure sur une mer hyper tranquille.

(Cette photo a été prise à l’arrêt, c est pour ça que je souris)
’John, vite ! On va croiser un bateau, y’a un frein sur ton truc ?’
Le voilà qui arrive et qui commence à m’expliquer des trucs super longs sur les angles et les trajectoires...
On s’en fout je veux juste l'éviter, le mec !!
Ok, il est passé à des centaines de mètres de nous, tranquille. Mais ce n’est pas une raison, il est fou ce foutu frein ???
Le compas dans l’oeil, Annabelle !
Une fois arrivés dans un port gratuit ( les marinas sont très chères donc à éviter ), soit le mec du resto du coin vient t aider contre la promesse de venir y manger le soir ( ce qui nous est arrivé le premier jour) ou soit tu te débrouilles.
Aujourdhui c'était même tu te démmerdes tout seul pour trouver un endroit sans algue pour que l’ancre tienne.
Au bout de 6 tentatives :

Eh merde ... Enfin eh algues ...
la septième fut la bonne ! Enfin pas pour longtemps mais on a pu se poser pour admirer la vue :


´Alors Annabelle, il paraît que tu cuisines maintenant ?’ me lance John, dubitatif.
Pour comprendre la portée de ce qui va suivre il faut revenir 8 ans en arrière, en Australie.
Je suis arrivée chez John et Sue pour les aider avec le ménage de leur Bed and Breakfast contre le gîte et le couvert pendant 2 semaines.
J y suis restée 5 mois.
« Comment ça tu es française et tu ne sais ni cuisiner ni coudre ? »
Ce sont les premiers mots que m’a adressé John.Humour froid et un peu macho vieux jeu. Loin de m’offusquer, ce fut le début d’une belle complicité.
´Non, le mec peut faire ça lui même‘ lui avais je répondu.
Oh my god.
Quelques semaines plus tard, alors que je me demandais quoi lui offrir pour son anniversaire, j’ai eu l’idée de demander à Sue de m’apprendre à coudre et je lui brodé maladroitement son surnom (captain) sur un mouchoir en tissu. C était très moche mais fait avec le cœur.
Il avait déballé le cadeau devant toute sa famille étonnée ( c est quoi ce truc ??) et avait eu les larmes aux yeux. Sue m a dit hier qu il l avait toujours gardé sur lui très précieusement.
Mais voilà, je n’avais pas appris à cuisiner.
« Oui je fais de bons gâteaux maintenant captain, une vraie française ! »
´ Prouve le ´
Challenge accepté !
C’est comme ça que je me suis retrouvée hier, à faire un clafoutis aux cerises sur un bateau qui tanguait sérieusement avec des unités de mesure australiennes que j avais oubliées.
25 cl ça fait combien de « cups » déjà ?
A la louche on verra bien !
« Il faut qu on bouge le bateau il y a trop de vent ici ! »
Mais mon clafoutis alors ?
Le temps qu ils prononcent le mot clafoutis (klafuti) le bateau bougeait déjà ...
Et la cuisine était dans cet état :

Autant finir, maintenant.
Je me tenais un peu partout quand ça tanguait vraiment, récupérait des choses au vol.
45 minutes plus tard, voici mon ’klafuti ’ marin !

Et un John heureux de déguster enfin ma cuisine !

La boucle est bouclée, vive le French ’klafuti’ !
‘Ça tangue, c’est normal ?’ Je demande à Sue une fois à terre pour aller faire les courses.
’ Oui c est normal, c est le mal de terre ! Tu l’as quand tu passes bcp de temps sur un bateau´
Je me voyais déjà porter mes bacelets ‘anti mal de terre´pour le reste de ma vie...
´ Ca ne dure pas longtemps !’
En attendant t’as l’impression d être bourrée à chaque pas que tu fais.
Pas besoin de liqueur croate, cool !
C’est sympa cet endroit, Cavtat,


Mais même les glaces me dégoûtent ( oui même celles là)

Je préfère retourner sur le bateau !
Quelques heures plus tard me voici en train d essayer la plongée enfin, le truc avec le tuba et le masque, quoi.
´Je ne peux plus respirer avec le nez !!!’
´C’est normal Annabelle, c est pour ca qu’il y a un tuba’
Ah ouais.
Rajouter « savoir plonger» à la liste «savoir coudre et cuisiner» pour être une femme accomplie.
Me voilà partie. Y´a un pied droit et un pied gauche pour les palmes sinon ?

« Fais juste très attention aux requins !! » me lance John juste avant que je plonge

Aux quoi ????
Panique ...
Oh le con, y a pas de requins ici of course
Y’en a pas hein ???
Pas vu de requins mais des suisses qui nageaient (c est peut être pareil vous me direz) près de leur bateau ( il y a un drapeau sur chaque bateau, le nôtre est anglais, allez savoir pourquoi )
Après toutes ces expériences fortes du jour, il n’y a plus qu´a profiter de mon dernier coucher de soleil en Croatie avec un peu de french champagne qui a survécu à mon vol easy jet.

Conclusion de la journée : une française qui ramène du champagne c est quand même vachement mieux qu´une francaise qui sait coudre et cuisiner !!!
Demain méga tempête prévue. Juste quand je débarque du bateau. Dommage,hein ?
Je vous laisse apprécier le paysage.
A bientôt !

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