top of page

Trail des forts 2023 " Tout seul on (ne) va (pas) plus vite et ensemble on va plus loin!"

  • Photo du rédacteur: Annabelle Raclot
    Annabelle Raclot
  • 21 mai 2023
  • 9 min de lecture

Et si on s'inscrivait sur le 60 km en relais cette année ?

Encore une idée à la con que j'ai eue avec Marine après quelques bières.

Et comme d'habitude, on le fait !!!


" Ils me demandent un nom pour notre équipe pour nous inscrire au trail, je mets quoi?"

" Euh, je sais pas : " Sur un malentendu ?"

Quelle merveilleuse idée !

Pour ceux qui n'ont pas la référence, c'est issu d'une citation du célèbre philosophe Jean Claude Dusse :

"Oublie que t'as aucune chance. On sait jamais, sur un malentendu ça peut marcher."

Autant vous dire que Marine et moi n'étions pas super confiantes. Il faut dire que c'est un méga challenge.

60km en relais sur 2500 m de dénivelé positif ( je n'ai jamais compris comment ils comptaient le dénivelé négatif) . Ca veut dire 28,5 km et 1400 de denivelé pour elle et le reste pour moi.

Il y a 6 mois elle était blessée au genou et moi, il y a 2 mois je courais un marathon à Barcelone. Et apparemment il y a a une loi tacite qui dit " Pas de sport pendant 42 jours après" . Loi qui s'est déjà avérée totalement fausse pour beaucoup de personnes ( une pensée pour Chantal qui fait un marathon par semaine)


" Vous êtes prête !" Mon ostéo me dit début avril. Votre corps va bien!

Bon, j'ai un peu oublié de lui dire que je continuais le vélo qui va nulle part mais il était si encourageant que je n'ai pas voulu gâcher la fête.

Nous voilà donc inscrites pour ce fameux challenge de l'année (encore 1)

La préparation d'un trail n'a pas le côté rigoureux ( en tous cas pour moi!) de la prépa marathon.

J-15

"Merde j'ai pas le temps de courir cette semaine "

"Moi non plus"

"Bah on verra"


J-7

"On arrête de boire quand déjà ?"

"Demain. Oui c'est bien demain."


J-3

A fond sur mon vélo qui va nulle part.

Le coach " Pour ceux qui on un trail ce week end, on se détend hein ?!"

J'étais la seule.

C'est peut être super dur ce truc en fait.


J-2

MAIS OUI C'EST SUPER DUR MAIS QUEL EST LE CON QUI A EU L'IDEE ???!!!

La météo n'est pas rassurante.

" T'inquiète il ne pleuvra que l'après midi, Annabelle"

" Ca tombe bien, C 'EST MOI QUI COURS L'APRES MIDI

C'est bon il n'y a que 3 orages de prévus l'après midi, ca passe facile. Je ne vais PAS DU TOUT RISQUER ma vie sur des sentiers boueux, glissants sur 30 km avec 1200 mètres de dénivelé

On a peut être fait une connerie de s'inscrire à ce truc.

Peu importe, c'est fait. On y va.


Ah, aussi, y a l'histoire de la barrière horaire. Pour ceux qui me connaissent, ils connaissent aussi ma peur de finir la course avec la voiture balai et que malgré ca, à chaque fois, j'arrive bien avant cette fameuse barrière horaire qui est très large.

Eh bien pour ce trail.... Ce n'est pas ca du tout. Déjà, la barrière horaire, c'est une ambulance ( je déconne, ils te barrent juste la route alors que tu viens de te taper 30 bornes au bout de ta vie

" Désolée c'est trop tard, rendez votre dossard, au revoir"

Les premiers passent crème, les plus rapides y pensent un peu, et les gens "normaux" se battent contre leur montre parce que ça passe juste juste juste. Et moi et moi et moi...


4h30 pour faire 28.5km avec plus de 1400 de dénivelé, c'est chaud.


8h. J’accompagne Marine à son départ. Les gens sont équipés au top, concentrés, je les entends parler de leur objectif temps.

Euh, nous on veut juste le finir. Et on a fait LA MOITIE chacune. Eux, c’est 60 en solo.


8h08 ca y’est-elle est partie. C’est la première fois que je ne fais pas le départ d’une course que je fais. Hein ? Déjà ca, c’est bizarre.


Que faire pendant 4h30 maximum d’attente ?


Aller à Lidl acheter des bières et des pizzas pour après l’arrivée tiens. Si on arrive. C’est une autre histoire. Dans tous les cas, il y aura toujours les bières.


11h35, je suis sur les starting blocks de la prise de relais. Je lui ai emmené ma voiture, son mec et une bière pour son arrivée.

11h40 arrivée à mi parcours d'un copain qui fait le 60 ( et qui ne connait pas tout la région) . Il est moins serein qu'au départ. Purée, c'est costaud. Il le finira en 9h avec des chaussures lisses et trouées. Bravo champion!

12h « Il parait que si la première personne arrive après 12h30, ils t’empêchent de prendre le départ et si tu veux le prendre quand même, ils t’enlève ton dossard »


Euh… Avec ce que j’ai bouffé, j’aimerais autant prendre le départ.


12h15 Je m’imagine déjà courir le trail sans dossard ou avec une bande de flic qui tente de me rattraper ( et qui donc me rattrapent)


12h20. Bon, sinon, y’a de la bière quand même ? Qu’on ne soit pas venus pour rien.


12h22. LA VOILA !!!!!!! C’est une championne, elle a réussi !!!



ree


12h23. Faut pas que je traine moi, je mets le bracelet relais à la jambe (ca fait un peu taulard) et je trace, fièrement, dans les temps, avec mon dossard.


Km1 à 10 : Je double tout le monde, je vole… AUCUN mérite. Les gens avec qui je cours ont 30 bornes de plus que moi dans les pattes et qq 1000 mètres de dénivelé. Mais ca fait du bien à l’égo quand même.

« Wow t’as la pêche toi » me sort un mec que je double.

« Tu veux connaitre mon secret ? »

« Ouais ! »

Et là, je lui sors mon dossard qui était caché par mon coupe vent.

« Je suis en relais ! »

Aaaaaaaaaah

On passe à l’intérieur de 2 super forts, je me sens super forte. Meilleure course de ma vie, j’adooooore, trop facile.

Note pour plus tard : généralement quand je me dis ça, c'est jamais bon signe.


Km 11 : Purée il ne faut pas que je traine, si je veux passer la barrière horaire de 15h au 20 ème km.

J’accélère. Je regarde ma montre, purée mais c’est impossible en fait, d’y arriver à 15h. Allez je tente quand même.

Je vois une copine bénévole, ça remonte le moral d’un coup, merci Catherine !


Km 14 Ravito

« Non merci, je n’ai pas le temps. Ma copine compte sur moi, je dois réussir à arriver avant la barrière horaire où on va se faire éliminer »

Des dizaines de coureurs autour de moi me regardent

« Euh nous aussi en fait on fait la course »

« Il est 14h30 donc on en fait comment dire…. FAUT SE BOUGER !!! »

« C’est 16h la barrière horaire hein, tu le sais ?! »

« Quoiiiiiiiii ????? »

Ok pour un verre de Saint Yorre et un quartier d’orange alors, si t’insistes.

Je repars. Ah tiens, ca me fait bizarre aux mollets, je vais mettre un peu de crème et….


AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHHH


Une douleur rarement ressentie avant ( et pourtant, je suis une femme, je sais gérer la douleur)

Je me retrouve couchée parterre à ne plus pouvoir bouger

« Tu veux que je te la tire ? »

Euh pardon ? Je vois un beau mec au-dessus de moi (serais-je morte et montée au paradis ?)

« La crampe, tu veux que je te la tire ? »

« Euh, ben si tu sais la tirer, oui, pourquoi pas ?! »

(Ce n’était pas ma meilleure réplique, j’en conviens. Mais j’imaginais qu’il allait tirer d’un coup et que j’allais entendre un truc craquer, mais RIEN A VOIR)

La crampe tirée (merci monsieur) je tente de repartir. Je boite, il pleut, je ne réalise pas.

« Mettez votre coupe vent, madame » une bénévole tente de me dire.

C' EST MOI 'MADAME' ?

« T’as pris du potassium ? » Un autre coureur me demande.

DU QUOI ?? Putain c’est quoi déjà du potassium ???????

"Du salé !"

Ah euh non.

Tiens prends ça, c’est mon dernier, il est pour toi. Tu vas finir, c’est sûr, même en marchant. Il me file un gel salé. Je l’avale d’un coup. On m’a dit de ne jamais prendre de gel d'un inconnu sur une course, ça file des soucis gastriques. Au point où j’en suis.


« C’est quoi ton prénom ? » Je lui donne, sans lui demander le sien dans mon semi-coma en marchant.

QQ minutes plus tard j’entends quelqu’un dans les bois crier « ALLEZ ANNABEEEEEELLLLLLE »


Je ne sais pas qui est ce mec, mais je lui dois ma course. Si tu lis ca un jour, MERCI !

Allez, je repars en courant. Des petits pas, allure tortue mais je cours !!!

Nous arrivons enfin dans le village de la barrière horaire après une descente boueuse en mode toboggan et une côte en mode « on remonte le toboggan »

Je croise à nouveau des potes bénévoles. Un super moment où on oublierait presque qu'on est en pleine galère!


Les gens autour et moi et moi n’avons qu’une seule chose en tête. Où est ce fameux portique qui indique que nous sommes passés à l’heure ???? On ne le voit nulle part. 15h45 on remonte sur une côte « de la mort » .

« Le portique est sûrement au-dessus » Purée il est 15h45, j’ai mal aux 2 mollets cette fois ci.

CAUCHEMAR.


Nous apprendrons plus tard qu’il n y’avait pas de portique. Les bénévoles arrêtent «simplement » les gens qui passent au village après 16h. On était large mais on ne le savait pas.

J’arrive au-dessus de la côte en parlant à mes mollets


« Non, pas maintenant, parce que là, tu vois, si j’ai une crampe, JE TOMBE DANS UN PRECIPICE »


Le mec derrière moi ne trouve même pas ça bizarre que je parle à mes mollets.

Vous voyez un peu où on en est …


« Oh un chien, j’adore les chiens »


Une douleur fulgurante aux 2 mollets en même temps me fait hurler puis chuter au milieu de la forêt.

J’ai dû perdre connaissance à un moment puisque quand j’ouvre les yeux, je vois un mec qui porte ma jambe gauche, un mec qui porte ma jambe droite ( Serais je de retour au paradis ?) et…. Un chien qui me lèche le visage ( Ah non, c'est pas le paradis!)


« Vas-y tire » dit un des 2 mecs à son pote, eux-mêmes mal en point car au 50 ème km du 60.

Moi « Ca fait déjà 2 fois qu’on me tire une crampe aujourd’hui »

Les mecs « C’est toujours un plaisir »

Ils tentent de me relever, les crampes reviennent.

« On essaie de la lever par le tronc »

Original.

Ca marche. Je debout mais toujours immobilisée. Je les force à repartir sans moi, ils ont un Koh Lanta à finir. Moi, je ne sais plus......

Putain, à 10 bornes de l’arrivée, je vais devoir abandonner. Merde, merde merde et MERDE.

Je pense à Marine, je ne peux pas lui faire ca ! ( Même on s'était juré qu'on s'en foutait de finir dans les temps)

« Vous voulez du Perrier ? » Le mec qui promenait tranquillement son chien dans les bois ce jour-là était resté avec moi.

« Vous n’avez rien de plus fort ? »

Je déconne. Je prends le Perrier et je discute avec quelques minutes. Perdu pour perdu.

« Vous serez mieux au travail lundi, qu’ici. »

C’est clair.

« C’est con, la Citadelle, elle est juste là »

A vol d’oiseau. Tiens, je n’avais pas essayé de voler. « Sur un malentendu, ça peut marcher»

« Vous pouvez garder la bouteille » le mec me dit

Euh… Je regarde la bouteille de 2 litres. Mais qu’est-ce que je vais en foutre ? Je ne peux déjà pas courir les mains vides..


« Ah je la garde alors… »

Et dire qu'il était juste venu promener son chien. Pauvre mec !


Allez, je repars. Je marche, je tente de courir, je pleure, je marche, je tente de courir, je pleure…

J’écris à Marine « Désolée, ça ne va pas le faire » mais je repars.


J’arrive au dernier ravito et peu après je les vois. Marine et Bruno, qui sont venus faire les 5 derniers kilomètres avec moi, en marchant.


Je pleure, mais cette fois ci de joie. Si c’est pas de l’esprit d’équipe, cela, DU VRAI.

Donc on a marché ( ils m’ont interdit de courir !) et vous savez quoi ?


SUR UN MALENTENDU, on a réussi à arriver avant la dernière barrière horaire, on a fini ce trail dans les temps en moins de 10h à 2 ! J'ai même réussi à courir 20 mètres pour l'arrivée!


ree
ree

On a même fait un podium dans ma catégorie d’âge. Nous étions la 3 ème équipe en relais… Sur 3 !!!


C’est aussi ça, le sport. Le dépassement de soi dans la douleur, l'entraide … Et tirer 3 crampes avec 3 mecs … Et tout ca dans les temps !


Merci à tous pour cette aventure inoubliable.


Voici la vidéo d'un traileur courageux qui s'est filmé tout au long du parcours. Merci encore à lui !


de 0 à 14 minutes c'est la partie de Marine et ensuite, c'est la mienne!


 
 
 

Comments


©2019 by Citoyenne du monde. Proudly created with Wix.com

bottom of page